il était une fois une femme sans miroir. sa volonté de savoir
est son perpétuel désespoir. plus elle veut savoir moins elle sait se voir. collectionner des connaissances l'éloignerait-elle de sa divine délivrance. alors elle s'arrête.
n'engorge plus sa tête. laisse le silence. créer sa présence. et Ô découverte. la fontaine s'est offerte. les aspérités qui tapissent ses parois font
naître son intime vouloir. celui de se voir dans son miroir. il n'y a qu' elles pour retenir son pas. élever son front par-delà le trépas. apprendre à faire résonner la belle note. le long du
velours de sa cotte. compter les étirements de sa bouche. jusqu'à la racine de sa souche. multiplier les puits de sa peau. pour engranger le sel de son silo. connaître le fulgurant écho des monts
et des vaux. soufflant sur l'échine de la muraille de son dos. se souvenir d'un des raz de marée. dévastant à tous points cardinaux sa cité. définir son éclat de lumière. alors que la nuit l'enserre. tout le reste du monde glisse vers le
bas. et se fracasse pulvérisé contre le terreux glas. là où sa mémoire des mots s'entaille. là où son château for trésaille. ses îlots de halos jamais ne défaillent.